Les avis et chroniques sur mes écrits
Le ressenti de Laurent Fabre
Coucou tout le monde 😀
En cette période si particulière et si troublée (et c'est un doux euphémisme), j'aimerai d'abord partager cette petite pensée à l'égard de mes amis, consoeurs et confrères en délicatesse en ce moment avec la lecture, la difficulté de s'immerger complètement dans une histoire ou de s'oublier en se mettant dans la peau des personnages, celle d'imaginer fouler des endroits connus ou insolites, celle d'accepter de lire des scènes de contact rapproché, chacun est et réagit différemment, si vous le voulez bien, je me permets juste de revenir sur mon expérience récente, il m'a bien fallu 15 jours pour sortir la tête de l’eau, oser ouvrir un livre, y retrouver des sensations enivrantes et l’envie de tourner les pages, d'y éprouver à nouveau du plaisir en m'abandonnant et me laissant voguer, attendre le bon moment et ne pas forcer les choses au risque de gâcher ce qui en aurait été autrement, dans un tout autre contexte, "Patience, mère de toutes les vertus" ne le répétons-nous jamais assez, je termine ce préambule en adressant mes pensées affectueuses à toutes les lectrices et lecteurs qui se reconnaîtront. 😉
"Lire c'est voyager; voyager, c'est lire." (Victor Hugo)
La relation avec le fantastique s'est naturellement imposée depuis mes premières lectures avec Dracula (Bram Stoker), Mary Shelley (Frankenstein), Stephen King et tant d’autres, des créatures imaginaires et issues de toutes les mythologies, des figures symboliques hautes en couleur qui me faisaient rêver ou frissonner, à l'image au cinéma ou en mots, le constat demeure le même, ressentir des émotions, au risque de me répéter, la peur en est l'une des plus puissantes (Dixit John Carpenter, réalisateur notamment de chefs d'oeuvre tels que The Thing, Halloween, Assaut ou L'Antre de la folie), le premier tome de la saga littéraire Au Clair de la Louve de Rime de Bervuy s'inscrit dans cette veine du fantastique avec tout ce qu'un lecteur est en droit d'en attendre.
Maryhead
Dès les premières lignes, force est de constater, un style maîtrisé tant dans la dramaturgie que dans les reliefs psychologiques, les personnages apportent cette épaisseur indispensable pour les voir évoluer au fil des pages, apprendre à découvrir leur état d'âme au gré des révélations, jauger leur réaction face à l'étrangeté d'une situation incongrue, Rime de Bervuy propose une histoire mêlant plusieurs univers, entre la fatalité du monde des vivants, les rêves oniriques ou le fantastique avec ses créatures si fascinantes et répugnantes à la fois, les sentiments passionnés, le rythme mené tambour battant par le biais de chapitres courts, les cliffhangers ne manquent pas, pour peu que l'ont soit prêt à flirter avec le surnaturel, une atmosphère magique commence alors à pénétrer l'esprit, entre les certitudes et l'instinct de survie, le poids des secrets de famille, une quête initiatique plonge la protagoniste, Maryhead, dans une champ tridimensionnel tel qu'elle n'imaginait pas encore les limites, comment trouver la force de s'adapter, de puiser dans ses ressources de sa jeune et fragile carapace, ses multiples rencontres vont la métamorphoser malgré elle, la vie est une succession d'étapes avant de prétendre acquérir une certaine maturité, Rome ne s'est pas faite en un jour.
Renan
Sortir de la lumière rassurante pour franchir d'autres territoires ténébreux, portée par une écriture aérienne dans un style très visuel ou graphique dans ses scènes de violence, l'interaction contrôlée entre les personnages rend l'intrigue attractive et cohérente, en observant la biographie de l'auteure natif de la région parisienne et aujourd'hui installée dans le Nord de la France, en vérifiant (merci Google Maps) la géographie des lieux parcourus par les personnages, une chose est sûre, la construction richement documentée peut faire dérouler une belle mécanique dans l'enchaînement des péripéties de Maryhead et consorts, le personnage principal qui se découvrira des pouvoirs insoupçonnables, il y a une dichotomie litigieuse entre le bien et le mal, inaltérable à toute œuvre littéraire, ce qui en fait ici une énigme à double tranchant à laquelle l'indécision et le parti-pris luttent, l'histoire se révèle finalement plus complexe que la nature des personnages voudraient bien le faire croire dans l’amorce de l’histoire.
Sorcière ou vampire, même combat
Ce n'est pas la première incursion dans le mythe des sorcières et autres vampires, cette variation d'un thème maintes fois revisitées par le passé, Rime de Bervuy y apporte sa petite patte en intégrant des éléments propres à chacun pour en éprouver qui de l'empathie qui de la répulsion, ambivalence ou différence, des qualificatifs qui n'hésitent pas à s'entremêler pour faire rebondir le récit, un premier roman prometteur de 200 pages intenses et qui se lisent avec un plaisir démultiplié, une fin qui laisse déjà entrevoir une suite intrigante, un voyage qui ne manque pas de surprises pour apprécier la fluidité de l'action incessante, l'équilibre homogène du choc des univers en collision, la balance fragile entre le passé et le présent, si l'alternance des voix des personnages à la troisième personne pourra déstabiliser au sein d'un même paragraphe, pour autant je n'ai pas eu un besoin de retourner en arrière pour relier les points conducteurs, l’arc narratif est solide, l'irrationnel décrié ferait presque oublier son double maléfique, inutile de préciser que les esprits cartésiens auront peut-être des peines à s’imprégner du fluide dans le mélange des genres, entre fantastique et fantaisie, apparitions divines et animaux légendaires, créatures et monstres, toute la palette des émotions humaines trouvent une nouvelle résonance à travers l'amour, la haine, la trahison, le mensonge ou la manipulation.
Louve
Si l'inconcevable est une forme de déni face à la réalité des choses ou d'événements inexplicables, l'angoisse générée par les doutes existentiels des personnages, la fracture ouverte est souvent une plaie décuplée pour oser l'affirmer, corps et esprit inextricablement liés, l'équilibre recherchée peut-il alors atteindre son apogée dans une perspective des plus aléatoires ?
Loup
Je remercie l'auteure de m'avoir fait entrer dans son monde magique, s'il est un plaisir décuplé de sortir de ses lectures habituelles, la fantastique a encore de belles pages à s'écrire en lettres d'or, l'altruisme des personnages participe ici à rendre un récit profondément humain, ancré dans un quotidien qui nous ressemble, l'amour avec un grand A, rassurez-vous la romance n’est qu’une des nombreuses déclinaisons proposées pour composer une mosaïque de genre pouvant associer ou réconcilier tous les publics, une lecture effrénée qui m'a conquis dans un ensemble harmonieux et agréable, un super moment de de plaisir livresque !
Et dans l'attente de découvrir la suite des aventures de Maryhead et Renan, continuer à se rêver encore un petit peu, en se rejouant oniriquement quelques-unes des scènes les plus émouvantes, sous le regard de la Lune et au son des hurlements du loup ...
Auto-édité, Au Clair de la Louve par Rime De Bervuy est disponible en version numérique et brochée ici https://www.amazon.fr/dp/2956484702
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